On retranscrit ci-dessous le témoignage d’un détenu du CRA de
Vincennes, qui en était alors à son 42e jours de rétention.
Son témoignage souligne les conditions particulièrement indignes en termes d’hygiène à l’intérieur, des conditions particulièrement dangereuses pour des personnes comme lui sortant d’une grave opération. Pour illustrer son propos, voici aussi des photos de l’intérieur du CRA.
« Je m’appelle M, j’ai 40 ans. Le 3 Mars 2019 je rentre du boulot, j’ai été agressé par quatre mecs, des voyous de la cité, des gamins cagoulés. Quinze fractures dans la partie gauche de mon visage. Trois dents cassées. Ça m’a détruit, physiquement, moralement et psychologiquement. Tout tout tout.
Vous voyez les photos, c’est pas en Syrie, c’est pas en Irak, c’est en France : Delaunay Belleville, Villetaneuse St Denis. Ils m’ont tapé à mort. Grace à un docteur de la Pitié Salpêtrière, j’ai pu bénéficier d’une opération maxillo-faciale. C’est l’unique qui a été humain avec moi. »
Un coupe-ongle pour 60 personnes, un exemple de plus des règles absurdes qui règnent dans les CRA.
« Les toilettes : cinq dont seulement deux fonctionnels, à la turque. Ils m’ont ouvert la tête, comment je peux m’assoir pour faire mes besoins dans ma situation ? Un minimum de choses serait : plus de coupe-ongles par rapport à l’hygiène. Ici il n’y a qu’un coupe-ongle pour 60 personnes, une tondeuse pour 120 personnes. Les draps tout sales, les draps, ils les changent une fois dans 20 jours. Il y a des microbes partout, et moi j’ai été opéré à la tête. Pas aux pieds, aux mains et aux doigts, à la tête ! C’est gravement gravement infectieux, je risque l’infection tout de suite. C’est pas parce que je suis mieux que les autres. Tout le monde a besoin de bonnes conditions, surtout les personnes fragiles comme moi. »
Suite à l’incendie du bâtiment 2A du CRA de Vincennes, M a été relâché. Il est encore suivi à l’hôpital pour la reconstruction de son visage cassé.
Les CRA tuent ! A bas les CRA !