Des textes de retenus dénoncent la situation au CRA de Vincennes

Des retenus du CRA de Vincennes ont écrit quelques textes pour expliquer la situation dans le centre de rétention. Ils subissent une répression et une pression continue. Ils décrivent les conditions dans les centres de rétention, qui sont des prisons pour étrangers, conçus de plus en plus comme des annexes de la taule, dans lesquels l’état enferme les gens qui n’ont pas les bons papiers ou auxquelles leurs papiers ont été enlevés. 

Les retenus nous parlent des conditions d’hygiène très mauvaises (saleté, présence de la galle, punaises de lit…), de l’eau de la douche qui est brûlante et ne permet pas de se laver, de la bouffe qui est mauvaise et pas suffisante, du manque de soins médicaux, du fait que beaucoup de gens enfermées ont des maladies très graves, qu’il y a beaucoup de tentatives de suicide et de gens sous cachetons (que l’équipe médicale du CRA donne en grosses quantités pour que les gens restent calmes). 
Ils parlent aussi des violences policières et du harcèlement quotidien et continu de la police, ainsi que des violences entre retenus liées à l’enfermement. Comme ils disent « tout est exacerbé ici ». 
Les retenus nous ont raconté que même le personnel qui travaille à l’intérieur subit une pression de la part de la police pour qu’il ne parle pas de ce qu’il se passe à l’intérieur. L’omerta est la règle. Ils nous disent que les policiers ont peur que ce qu’il se passe à l’intérieur sort à l’extérieur et ils font tout pour casser les liens avec l’extérieur, jusqu’à interdire de visite certains.
Tous les jours il y a des gens qui se font tabasser et mettre à l’isolement. Les gens passent plusieurs heures ou même une nuit entière enfermés dans une cellule, en caleçons dans le froid et menottés après avoir été tabassé longuement (parfois par des flics avec des gants de boxe) dans des endroits sans caméra. 
Dernièrement pendant une visite un policier a commencé à parler mal à un retenu qui essayait de déplacer sa tête sur le côté du plexiglas (qui sépare les retenus des personnes qui leur rendent visite) pour se faire entendre de la personne venue visiter. Le retenu a réagi en disant à la personne en visite « vous voyez comment ils nous parlent ? », et là le policier s’est énervé et a dit : « Fin de visite » et ramené la personne dans sa chambre, où après une demie heure il a été rappelé et mis à l’isolement parce que soit disant il avait mal parlé à un gradé. Ils lui ont dit: « reste tranquille sinon on va te niquer ». 
Un autre retenu en voyant qu’ils allaient le laisser en caleçons dans une cellule froide a demandé à lui donner des vêtements et là la police a commencé à le menacer, à lui dire de ne plus parler avec lui que sinon ils l’auraient ramené aussi à l’isolement, ils lui auraient rasé ses cheveux et ils l’auraient tabassé. Même les petites solidarités qui se créent entre retenus sont cassées par la police qui participe au fait qu’il y ait des bagarres entre retenu : « diviser pour mieux régner », comme dit un autre retenu. 

 

Il y a quelques jours il y a eu une grève de la faim pour protester contre le fait que l’eau et l’électricité aient été coupées. Le retenu qui a été considéré responsable du blocage a été mis à l’isolement et le soir en garde à vue pour une soit-disante dégradation. 

 

Plusieurs sont les personnes enfermées qui sont malades et gravement malades, des gens ont des cancers ou d’autres maladies qui demandent des soins et des prises en charge médicales quotidiennes mais qui au CRA ne reçoivent même pas le traitement minimal. Tout en ayant de nombreux certificats d’incompatibilité avec la rétention, les juges « qui pensent être des docteurs », comme dit un retenu qui a un cancer, continuent à prononcer des décisions dans lesquelles ils prolongent la rétention de ces personnes. 

 

Cela a déjà causé des morts, comme celle de S. fin août au CRA de Vincennes, qui est une des nombreuses personnes tuées par l’enfermement et la justice. 

 

Tout en subissant des maltraitances au quotidien les résistances existent, des gens luttent à l’intérieur, nombreuses sont les tentatives d’évasion et certaines sont réussies, il y a des grèves de la faim et des révoltes collectives ou individuelles. 

 

On appelle à se mobiliser contre les CRA, en soutien des personnes enfermées, contre cette justice raciste, contre les nouvelles constructions des centres de rétention et les boites qui collaborent avec cette machine infernale.