Au centre de rétention administrative de Vincennes, impossible d’avoir une discussion privée avec le proche que l’on vient visiter. Les flics pullulent au premier étage de ce préfabriqué qui sert de parloir.
En rentrant dans la salle, le ton est donné. Outre le flic chargé « d’escorter » le détenu et les deux autres qui encadrent le visiteur, se trouvent aussi un qui note ton identité et deux autres qui lui tiennent compagnie. S’ajoutent parfois un ou deux flics de passage. Soit une concentration d’au moins 6 policiers dans une pièce de 40 mètres carrés, ce qui rend l’atmosphère franchement oppressante.
Sous leurs regards, tu t’assois donc à une des tables au milieu de la pièce où le détenu t’attend. Le panneau en plexiglas qui nous sépare oblige à parler fort et empêche toute confidentialité, sans compter qu’avec le masque on perd en compréhension… Et sachant qu’un flic, assis à moins de trois mètres, va passer les 30 minutes de la visite à nous fixer !
Comme tu veux un semblant de discrétion, tu baisses un peu la voix. Mais là tu n’entends plus rien, car les policiers, eux, prennent un malin à plaisir à rigoler, parler fort, raconter leurs exploits, bref à te faire comprendre qu’on est chez eux… et ainsi gâcher ce qui est censé être un break pour le retenu.
Alors forcément ça vénère, et ça questionne sur l’intérêt d’y aller. D’autant que cette situation n’est pas nouvelle au CRA de Vincennes. Régulièrement le Contrôleur général des lieux de privation de liberté pointe les conditions dans lesquelles se déroulent les visites… sans que rien ne change.
Toutefois la visite reste quand même un moyen d’échanger, d’apporter des trucs, de surtout montrer son soutien aux détenus et de démontrer aux flics que malgré toute leurs tentatives pour nous dissuader de venir, notre solidarité est plus forte !