Témoignage : “A l’isolement, y a pas de caméras, alors les flics, ils se gênent pas.”

Nous publions le témoignage d’un retenu du CRA de Vincennes. A la dureté de l’enfermement s’ajoute la violence des flics notamment lorsqu’ils envoient des retenus à l’isolement.

“C’est la première fois de ma vie que je compte les jours. Tous les matins je me réveille, je vois le plafond, je capte que je suis toujours enfermé, je deviens fou. C’est la première fois que je suis entre 4 murs comme ça. Je tourne en rond, ça va pas dans ma tête, avec ce flip toujours de se faire expulser.

J’ai demandé à voir un psy, pour parler à quelqu’un. ça fait un mois que je suis là et tous les jours on me dit “bientot”, “demain”. Par contre le médecin, lui, il file des cachetons sans problèmes des diazepam et je sais pas quoi. Ces médocs, ils te font dormir, mais tu fais des cauchemards, tu transpires, tu psychotes…

Les flics ils passent leur journée à te provoquer, à venir te faire chier alors que t’es dejà dans la merde. Pas le droit d’aller au coffre, pas le droit de fumer ici, pas le droit de prendre de la bouffe dans ta cellule… ils prétextent les fouilles pour retourner ta cellule, ils te parlent mal… ils font tout pour que tu craques, t’envoyer à l’isolement et te faire la misère.

Quand tu vas à l’isolement tu dois enlever tes claquettes, ton pantalon, ton tee shirt, tu restes en boxer et en chaussettes. T’as froid, t’es humilié. Tu passes des heures enfermé dans cette petite cellule avec une fenêtre de 20 centimère et un lit en fer. Alors normal, tu pètes un cable, tu tapes à la porte pour sortir, ou au moins pour avoir des vêtements pour te réchauffer. Et là les flics ils rentrent à plusieurs et ils te tapent. Y a pas de caméra. Ils se gênent pas. L’autre jour y a un jeune qui est sorti de là avec la tête toute gonflée, du sang plein la bouche…

C’est aussi là qu’ils enferment les gens avant leur expulsion le lendemain matin. Ils viennent le chercher le soir après la gamelle, tu le vois partir entre plusieurs flics et tu sais que tu ne le reverras plus.