Pendant que les prisonniers-ères d’autres CRA se mobilisaient pour dénoncer les conditions de merde dans lesquelles ils et elles sont enfermé.e.s, contre les mesures liées au coronavirus, et pour obtenir la libération immédiate de tout le monde, au CRA de Vincennes aussi une grève de la faim très suivie a été lancée dans le batiment 1 hier lundi 16 mars.
Les tensions avec les flics ne sont pas manquées. Pour calmer les gens, les keufs ont commencé à raconter que tout le monde allait etre libéré hier soir. Après qu’une quinzaine de personnes ont été effectivement libérées, les autres se retrouvent toujours bloqués là-bas. Très peu de gens sortent actuellement, surtout ceux et celles qui passent devant un tribunal (mais pas tout le temps) ou qui ont un.e avocat.e. T’es pas seulement sans-pap, mais aussi trop pauvre pour payer un.e avocat.e ? Virus ou pas virus, tu dois rester dans cette prison.
La colère monte partout dans les CRA, qui dévoilent leur visage : ce sont tout simplement des taules pour sans-papiers. Meme si l’Etat ne peut pas les expulser (à cause du virus, ou bien pour les résistances individuelles et collectives), les personnes qui n’ont pas les bons papiers doivent rester enfermés, et tant pis s’ils crèvent de ça.
Les CRA tuent !
Libération immédiate de tou.te.s les prisonniers-ères !
« Aujourd’hui (16 mars) ils ont libéré plusieurs dizaines de personnes, les autres ils nous traitent comme des animaux, on a mangé de la purée avec du fromage. Il y a certains parmi nous, ils ont fait six ans, dix ans ici, ils ont des enfants, ils ont des femmes. On peut pas rester ici, on respecte les lois. Là on veut pas ramener ça chez nous. On a envie d’essayer de comprendre ce qui se passe. Là je vais te passer mon collègue il va te raconter.»
« Aujourd’hui on a fait grève de la faim. On a envoyé un rapport qui dit avant de 20h vous devez nous répondre. On a fait toute la journée sans manger. Tout le bâtiment. La police ils respectent pas les mesures. Il y a une association dans le cra, eux ils sont pas venus dans le centre depuis ce matin. Ils ont fermé. L’infirmerie aussi on les a pas vu toute la journée. Il y des cas ici, il y a une crise, nous on peut pas rester ici. Il y a certaines ici qui tombent malades, ils vont rien faire. Ils ont pas de masques, rien. Nous on peut pas rester ici, on peut pas. Attends, je vais te passer quelqu’un.
« Oui bonjour, ça va ? Monsieur, on est en train de peter un plomb. Les gens craquent, on veut se manifester pacifiquement, on veut pas de problèmes, on sait qu’on est dans une école de police, il y a la police à côté, on veut pas se manifester avec eux, on veut pas s’embrouiller, on peut rien faire contre eux. Ils veulent pas nous ramener des gens qui tiennent pour parler avec eux, on comprend rien du tout, ce qu’on nous dit c’est injuste, parce qu’ils prennent les décisions, c’est injuste, et puis les aéroports ils sont fermés, ils peuvent pas nous libérer, on peut pas rentrer dans notre pays, notre pays est fermé. Pourquoi on est là ? On est là pour être expulsés. Si on va pas être expulsés pourquoi ils nous lâchent pas ? On comprend pas là. Cet après midi et le matin on a pas mangé à la cantine, rien, et là on a attendu la réponse de 20h, on voulait attendre le discours de Macron, et là qu’est-ce qu’il a dit, il a dit que c’est bon, il y a personne qui va sortir de l’Europe. Je sais pas, maintenant pourquoi ils libèrent pas ? On sait qu’il y a des centres où ils ont libérés. Merci de votre soutien. Moi ça fait 15 ans que je suis en France, on a nos attaches ici, on a des enfants, on a de la famille. »