Violences policières au CRA de Marseille, témoignages vidéo et audio

Cet entretien a été réalisé avec deux personnes tabassées par le même policier de la PAF (Police aux frontières) fin mars 2021, dans le CRA de Marseille. Elles dénoncent le manque de respect, les moqueries, le racisme et la violence de la part de la police. Elles insistent aussi sur les techniques des autorités pour masquer les preuves : impossibilité de recevoir des soins tout de suite (ou alors sans certificat médical pour attester les blessures), mise au cachot (mitard) des personnes tabassées, suppression par la PAF des enregistrements vidéos des caméras de surveillance, faux en écriture lors du dépôt de plainte, collaboration de Forum Réfugiés (l’association qui gère les aspects juridiques dans le centre) qui poukave les infos aux flics, tentative d’expulsions rapides hors de France des principales victimes… Des vidéos ont pu être prises avec un smartphone, mais les flics tentent de tout faire pour mettre la main dessus (intimidations, fouilles des cellules, menaces).

Les vidéos, l’enregistrement et la retranscription ont été anonymisés. La retranscription écrite essaie au mieux d’être fidèle à l’enregistrement.

Retranscription du témoignage en-dessous.

« Au centre de la rétention à Marseille, Bougainville, et du quartier à Bougainville. Donc, le vendredi, l’après-midi, quand le repas d’après-midi on monte à manger, il y avait des gars qui sont là avec nous, avec ce policier là à la porte, il avait plein de masques dans ses mains, les deux policiers. Habits noirs, petite taille, il est violent, cheveux blancs. À la porte, il avait plein de masques sur les mains pour nous les autres qui sommes prisonnier·e·s ici.

Donc le Tunisien, ce policier lui a dit : « mets ton masque ».

— Il a dit : « je n’avais pas de masque monsieur, donne-moi un masque ».

— Le policier, il a répondu : « il faut garder le masque ».

— Le Tunisien lui a dit : « Oui. Regardez, je suis fatigué, j’ai pas dormi bien, donne-moi le masque je vais aller manger. » Donc, il a dit le Tunisien, il a dit au policier : « Si j’avais le masque, tu crois que je vais l’envoyer au bled ? Je vais le mettre le masque, donne-moi le masque. »

— Le policier il a répondu : « oui je sais que, chez vous, vous mangez les masques ».

— Un témoin qui s’appelle A., qui est avec nous là, c’est un Marocain, il a dit : « pourquoi vous

parlez comme ça du pays ? »

— Donc, je sais très bien qu’il a pas compris, je rentre dans la discussion, je lui dis : « Monsieur, vous avez pas le droit de parler comme ça. On est en France, vive le Maroc, vive l’Algérie, vive la Tunisie. Chez nous, on ne mange pas le masque. Chez nous, il y a de quoi à manger, y a tout, on n’est pas mort·e·s de faim à manger les masques. Vous avez interdiction de parler comme ça aux gens, tu n’as pas le droit de parler comme ça aux gens. »

— Il m’a dit : « ferme ta gueule sinon je te casse la gueule ». Il y avait mon collègue, celui qui s’est fait frapper par le policier.

Donc quand il m’a frappé j’ai mis les mains derrière moi, et le policier casse moi la gueule. Le policier il se recule derrière, il m’a mis un coup de poing sur mon visage.

Déjà je me suis fait opérer à l’époque d’une fracture de la mâchoire. Je suis mal jusqu’à maintenant, j’arrive pas à manger. J’ai mes dents qui bougent, j’ai mal, ils ont même pas rappelé à la clinique… Il m’a frappé ce policier, il m’a mis un coup de poing, j’avais mal derrière mon dos. Et ça fait rentrer A., il a dit : « Eh, vous avez pas le droit de le frapper ! Il est malade. »

Le policier, qu’est-ce qu’il a fait ? Il est en train de parler, le monsieur il a dit en anglais : « Ne touche pas cet homme » (do not touch this man). Donc le policier, qu’est-ce qu’il va faire ? Il le prend, A., et il l’a frappé. Il a mis les mains sur sa gauche comme ça, il a mis une claque, après il lui a mis une balayette, il est tombé par terre. Moi je suis en train de discuter avec un autre policier.

L’autre policier, vraiment, il m’a respecté, je lui dis « me touche pas », il me touche pas. « Laissez-moi lui parler, pourquoi il me fait ça ? »

Après y a le témoignage de 5 policiers surveillants, ils sont descendus, ils ont trouvé le policier sur A., A. était par terre. Il le frappe. Donc, ils ont enlevé A. Le policier se lève, moi j’étais loin, j’étais avec l’autre policier j’étais loin. Et c’est lui, il me frappe avec sa radio à la tête. Il m’a ouvert. J’ai pas mis les doigts mais c’était ouvert, sur la vidéo, vous la regardez. Il y avait 5 policiers, ou 6. Et moi j’ai pas bougé genre, j’avais les mains en l’air comme, je dis : « j’ai rien fait moi ! » Et c’est lui qui me frappe, il court vers moi et il me frappe avec sa radio. Et là je suis tombé par terre, il y avait le sang qui coule.

Bon, on est monté chez l’infirmière, j’ai regardé ce qu’il m’a fait et tout. Ils m’ont pas ramené à la clinique, pour me faire les points et tout. Ils m’ont pas ramené à la clinique, ils m’ont descendu au cachot. Au cachot : plein de sang qui coule. Et dans le cachot encore il y a mon sang, s’ils ont pas nettoyé. Y avait mon sang, par terre, le sang qui coule, il coule il coule. J’ai tapé, j’ai commencé à taper là-bas, de l’après-midi jusqu’à 5 heures ils m’ont pas monté. Donc je tape, je tape. De midi jusqu’à 5 heures je suis au cachot, en cellule seul. Ils avaient pas peur pour nous qu’on allait mourir ou quoi. J’avais le sang qui coule. À 5 heures je suis parti aller voir l’infirmière, quand on m’a sorti du cachot. Je vois l’infirmière, « je suis obligé, donnez-moi les points, je vais mal ». Moi, j’avais noté et tout, ils m’ont pas ramené à la clinique. Et mon ami A., ils l’ont ramené à clinique comme quoi il y avait pas le sang.

Et juste tout ça, pour effacer les caméras du centre, parce qu’ils savent que j’ai filmé. Donc, j’étais chez l’infirmière, qui m’a nettoyé le sang et tout, bien. Je suis descendu à la chambre dans le centre. Le lendemain, ils m’ont amené à la clinique. Je suis parti porter plainte. Pour porter plainte déjà ils se sont « trompés » : ils ont noté un dossier comme quoi je suis témoignage. Et là j’ai refusé, moi je veux porter plainte contre ce policier qui m’a frappé, pour rien du tout. Ça, c’est mon sang qui a coulé, il a pas le droit de me frapper, j’ai rien fait.

Ils m’ont ramené à la clinique, à l’hôpital. On était à l’hôpital là-bas, il y avait un médecin. Mais vraiment, il m’a pas touché, juste regardé comme ça. J’ai vu il m’a regardé, après ils ont dit : « voilà retournez chez vous ». Ils ont demandé un certificat médical, en attendant ça fait trois jours, ils disent qu’ils vont l’envoyer sur l’e-mail. Quand on le demande, c’est toujours : « après, après ».

Là aujourd’hui, j’étais chez le Forum [Forum Réfugiés], pour porter plainte. Ils ont envoyé la plainte le Forum, pour porter plainte contre ce policier. Parce que le Forum, on a montré la vidéo du policier, il l’a vu. Et le soir même, ils sont descendus, pour fouiller le téléphone, parce qu’il [Forum Réfugiés] m’a balancé que j’avais la vidéo du policier, qu’il a vue. Et donc ils ont fouillé.

Moi j’ai pas donné mon téléphone, il est toujours chez moi, je le donne pas, parce que j’ai mespreuves dedans.

Et là aujourd’hui, ils sont venus me voir ils me disent : « fais le test pour t’envoyer au Maroc ». J’ai refusé le test, je le fais pas le test.

Je demande à monsieur Macron, le président de la France : est-ce que les policiers, ils ont le droit de nous frapper, les gens, en France ? On n’a rien fait nous. On est au centre, sans-papiers. On accepte leur travail. Qu’ils nous frappent pas nous, on a rien fait, on a demandé juste un masque !

On a demandé un masque pour se protéger. Y a le covid, après on prend les gifles. Il met deux poings, trois poings sur ma tête. Est-ce que c’est normal en France ? C’est ça la liberté ? C’est ça lafraternité ? Égalité ?

Je n’ai rien compris moi. Ils m’ont frappé, je viens d’arriver en France. (inaudible). Le jour où ils m’ont ramené pour les papiers (?) il y avait déjà le covid et tout était fermé… C’est pas grave on est venu avec eux, ils nous ont maltraité, ils nous ont enfermé eux, en plus de ça on nous frappe. Il me frappe et après il vient bosser devant moi comme si de rien n’était. Moi si j’avais touché un flic on m’aurait emprisonné pour 10 ans. Personne n’aurait eu pitié de moi, même pas le juge. Alors qu’on m’a tabassé comme un chien et il ne s’est rien passé. Parce que je suis un immigré, je n’ai pas de papiers, je n’ai ni avocat, ni rien. Ils n’ont pas voulu m’emmener chez le médecin … qu’est ce que je peux vous dire. C’est très dur de voir tout ça, en tout cas merci à vous car vous nous aidez mais il n’y a personne d’autre pour nous aider…. On a appelé le consulat du Maroc, on a appelé le consulat d’Espagne, j’ai toute ma famille là- bas. On n’a que dieu.

Donc, il dit : si c’était nous qui avait frappé le policier, on va prendre la prison pour rien du tout. Le policier là, qu’il a manqué de respect à nous, qui dit : « vous mangez les masques chez vous, le pays ». On a répondu : « vous avez pas le droit de parler comme ça », on se prend des claques. Vous avez les preuves, on parle pas pour rien. Nous on parle pas pour rien, sinon on a parlé jusque comme ça, pour être libérés ? On le prend le prison, on assume. On assume que nous qui a cherché la merde, mais ce policier, il a frappé nous pour rien du tout. Il a traité nous comme des chiens. Nous on n’est pas des chiens, on est autres là, on est tous pareils, on a la même sang. On est en France, en France il y a des lois, il y a les droits d’homme, donc ce policier il a rien respecté ni le droit, ni être là. Donc, nous on demande, sur le peuple de France, ici, est-ce que vous avez le droit de nous frapper, nous, comme ça ? Ça veut dire qu’on est des étrangers.

Nous on ne demande rien du tout, on demande notre droit … on nous a tabassé. Moi si je tape quelqu’un, on va me faire quelque chose. Donc si quelqu’un me tape on devrait aussi lui faire quelque chose. Pas comme ça, il vient devant moi, il travaille en plus il rigole et fait des hahaha. Il se fout de ma gueule, il me manque de respect.

Ils nous manquent de respect. Ça veut dire, la dernière fois ils ont, employés du travail ici, ils ont commencé à rigoler sur nous. Ça veut dire, ils se moquent de nous.

Et nous on a porté les plaintes ici, on a parlé à plein de juges du monsieur policier et tout, tellement tu lui dis : « oui, lui c’est raciste, lui c’est raciste », mais il fait rien pour nous ! Tu commandes à manger, il traite nous comme des chiens, et combien de fois les policiers il vient et ils disent : « oui, il manque pas quelqu’un qui l’a caché à la poubelle ? »

Et nous on est là, on [???] pas, on est Marocains, fiers d’être Marocains. Fais ton travail, on le respecte. On est là on a pas de papiers, y a aucun problème, y a aucun souci. Mais le problème, quand on me frapper, m’ouvrir la tête comme ça, c’est quel droit qu’on a en France ? C’est quelle loi ? C’est quel article qui sort ça, pour le policier frappe les gens pour rien ? En plus on est en prison : tu nous frappes encore ? Je suis dans la galère : tu me frappes encore ? D’où sort cette loi en France ? Vous parlez de la France, la France, la France, l’égalité, les libertés, fraternité… il est où ? On l’entend juste à la télé.

Je sais c’est quoi, c’est un policier normalement il doit respecter. Comme on les respecte eux, ils nous respecte nous aussi hein ! On est pas des esclaves, on est des êtres humains, on est des gens. On est 2021. Et il faut comprendre pourquoi y a les gilets jaunes, pourquoi y a ça, y a ça… C’est normal, c’est contre le racisme ! Je dis racisme, les gens comme ça, pas tous les policiers. Certains policiers on les respecte, ils sont là, ils sont très gentils avec nous, ils respectent nous, ils rendent du service à nous. Moi, j’ai des problèmes juste avec ce policier, pas avec les autres. Tout le monde me respecte par rapport à moi, du coup lui je sais pas ce qu’il lui arrive. Je sais pas ce qu’il a, entre les Arabes et les Français c’est quoi le problème ? S’il aime pas les Arabes, il démissionne de son travail, il vient pas travailler ici au centre, s’il aime pas les Arabes ! C’est ça que je comprends pas. Il est contre nous, et on le fait travailler ici. Ici il y a des gens qui ont pas de papiers, ça veut dire des Arabes Algériens, Marocains, des Roumains, des Russes, ou je sais pas quoi. Donc tu travailles pas ici si t’aimes pas les Arabes ! À la fin il m’a frappé, et la seule chose qu’ils ont les vidéos, ils ont regardé les vidéos. Ils savent qu’on a raison, ils voulaient pas montrer nous les vidéos.

Ils voulaient pas. Il faut qu’il efface les vidéos, comme ça on n’a pas de preuves. Comme ça ils viennent me chercher mon téléphone pour histoire que j’ai les vidéos, je l’ai filmé. Le sang qui coule ils s’en battent les couilles de nous. Ils sont où ces policiers qui avaient 5 ou 6, ils le voient ! Moi je demande juste, le Juge de la liberté, ou soit un juge qui m’écoute là, il va le voir les caméras de centre : est-ce qu’on est tort ? Si j’avais tort, je prends 20 ans de prison.

On est des êtres humains, c’est pas des chiens. Je me sens ici comme si je suis un animal ici chez eux.

Nous on demande à ce que quelqu’un nous aide, pour qu’on voit comment on nous traite et qu’on entende la réalité de ce qui se passe (inaudible), c’est très bizarre.

J’ai appelé plein d’avocats. Les avocats qui doivent venir me voir ici, aucun personne. Franchement qu’on est en galère. On se fait prendre des coups pour rien du tout. Et là, bientôt, on demande la liberté pour nous, parce qu’on est pas des racistes, on est pas des gens qui volent, on est des gens qui travaillent, on veut travailler c’est tout, donc des gens qui vivent bien comme les gens normaux. On cherche vivre normal, tu vois, comme les gens les autres. On cherche pas autre chose, tu vois ? On a rien contre personne. À la fin tu prends [?] du centre, les policiers me frappent, mais vraiment tu vois… j’ai… j’ai rien à dire là. Plainte policier y a personne qui l’a bougée. J’avais plein de sang, vous regardez les vidéos.

Moi je [???] pour des gens qui sont malades, soit les gens qui, vraiment les gens qui ont pas de papiers, les pauvres et tout, faites très, très attention, j’espère que personne qui va venir à ce centre, vraiment c’est la galère. Ils respectent pas des gens.

Ça fait 13 ans à peu près que je suis là en France, c’est la première fois que je rentre ici, mais vraiment… je pense que c’est la dernière fois et la première fois. Avant, j’entendais ça, j’entendais qu’il y a la galère. « La galère ? Les gens ils mentent. Pas de prisons, c’est des menteurs, les gens qui se… » – mais là vraiment, juste je suis rentré moi-même, j’ai tout compris. Vraiment c’est la galère, il y a aucun respect. Il y a aucun respect, vraiment, franchement, il y a des gens qui sont malades ici, il faut que le médecin le voit.

Il y a des gens qui faisaient la grève, 4 jours sans manger, ils s’en battent les couilles. Ils en ont rien à foutre, tu vois ? Et là tu vois… [cris derrière] là ils m’appellent, vraiment je suis désolé, là ils sont en train de m’appeler. Donc, excusez-moi, parce que s’ils rentrent là et qu’ils me voient avec le téléphone, ils vont me prendre au cachot.

Tu comprends mon arabe un peu ? Parce que mon arabe est un peu tordu. Je disais que moi j’étais présent ce jour là mais je ne comprends pas bien le français. Je les ai vu parler, lui parlait aux flics et disait « vous tous les marocains, les tunisiens, (inaudible) » et il a poussé le gars. Le gars il lui parlait et ne l’a pas touché, il n’a rien fait. La je lui ai dit « ne le touche pas, parle sans le toucher ». La il m’a pris (inaudible). Il me disait que le flic était énervé et était agité (inaudible) Il m’a pris par le cou, il m’a donné un coup de poing, il m’a poussé et m’a mis à terre. Les autres sont arrivés, ils m’ont donné des coups de pied, à la tête, dans les oreilles. Qu’est ce que tu veux que je te dise ? Je n’ai sincèrement rien compris… J’ai vu le docteur le premier jour, il m’a rejoint chez le docteur. Les flics disaient au docteur que moi j’en avais tapé un. C’est pour ça qu’ils ne m’ont pas bien traité. Ils m’ont traité comme si c’était moi qui en avait tapé un et pas moi qui avait été tapé. Quand je suis allé à l’hôpital on m’a mis sous perfusion et on m’a laissé comme ça pendant une heure, eux parlaient au docteur, il ne m’a pas vu, ni examiné, ni rien. Alors que j’avais un hématome du coup que j’ai reçu. Et c’est tout, on m’a dit c’est bon. On ne m’a rien remis, ils ne m’ont pas bien examiné ni rien. Après on est allé voir un autre médecin et pareil. Ils sont solidaires entre eux, tout le monde est avec la police. S’ils vont protéger quelqu’un ce sera un flic et pas un mec sans papiers ni rien. Ils soutiennent les leurs.

Ils sont tous contre nous, pour faire protéger le monsieur, le policier là. Ouais. Tous parce que… déjà ils ont fouillé tout le monde pour les téléphones parce qu’ils savent que j’avais les vidéos, ils avaient peur. J’ai demandé j’ai bloqué les caméras, j’ai demandé au Forum [Forum Réfugiés] : « il faut que je vois les caméras, je veux voir les caméras, pourquoi il y a des caméras ? »

Camara (?) le jour où je suis allé porter plainte contre lui. Ils m’ont dit qu’ils avaient vu la vidéo et qu’on voit bien qu’il me tape et qu’il tape mon ami alors que je n’ai rien fait. Je les ai séparés et je disais à Mohamed « monte manger ». Les flics on les voit me taper, me prendre par le cou, me lancer par terre, tout est visible. On n’invente pas des trucs, il y a la vidéo avec leur caméra et nous on a une vidéo du mec qui s’est filmé à l’hôpital, il saignait beaucoup. Et moi j’ai les photos de mon cou avec la trace de leurs mains, les photos de mon oreille complètement gonflée. Nous on ne demande que notre droit, on n’est pas là à inventer des choses ou à demander trop. On veut juste nos droits. Si on a un droit qu’on nous le donne, si on n’en a pas qu’on ne nous le donne pas. Mais ça doit arriver au tribunal, devant quelqu’un qui s’y connait en droit, qu’il regarde la vidéo et qu’il demande aux flics de parler, les gens qui étaient là pourraient parler. Et après, ce sera à lui de juger. De juger de manière juste, c’est tout ce qu’on demande nous. Je me sens mal, je me disais que la France était un beau pays et là on voit ce truc hallucinant, on nous emprisonne. Moi certes je n’ai pas de papiers mais je suis en prison alors que je n’ai rien fait. Je n’ai tué personne et je n’ai tapé personne, mon seul défaut c’est que je n’ai pas de papiers. On m’a ramené ici, j’ai dit « ok pas de problème, vous avez raison je n’ai pas de papiers, je ne peux pas rester ici ». Mais ce n’est pas possible qu’on me ramène ici pour me tabasser, ils m’ont pris par le cou, m’ont traité comme un chien et après c’est comme s’il ne s’était rien passé ? La vidéo que je vous ai envoyée, il ne dit pas que c’était pas lui. On le voit, il continue de travailler comme si de rien n’était. On le voit à l’heure du repas, il se fout de notre gueule, ouvertement « ahaha ».

Tu vois, il a pris, il a pris les [???], comme quoi ils se moquent de nous, et moi ça me fait mal ça. Merci beaucoup, juste, c’est pas pour quoi je sors d’ici je demande quelque chose non, juste pour les gens derrière moi, qui viennent du centre. Juste on envoie un message pour les Français, soit les Marocains, les Algériens, les Tunisiens… tout le monde. On nous donne un exemple pour les autres qui viennent derrière nous ici. Ils doivent te respecter !

Que nous, on a les droits aussi. Même qu’on n’a pas de papiers, on a respecté de venir ici, on est venus… gentiment. On a donné nos vrais noms, j’ai donné mon vrai nom. J’ai pas cherché à m’escaper ou quoi, je [???] avec le respect et tout… et à la fin, que je suis là, tu me frappes ? Ça me fait mal. Le jour que tu m’as frappé, j’ai pas crié, j’ai pas parlé mal, j’ai assumé, j’ai respecté la loi, jusqu’à maintenant, et à la fin tu me frappes et tu m’ouvres la tête ? Tu me donnes des coups de poings ? Mais j’ai deux fractures de la mâchoire, tu m’as fait bouger ma mâchoire ! Ça je me trouve, vraiment, c’est dégueulasse. Là je dis… tu vois, je suis pas en France, je sais pas où je suis là. Là normalement on n’est pas en France. Pour le moment je suis pas en France moi. Un policier qui te fait comme ça, tu vois, c’est dommage. »

À BAS LES FRONTIÈRES, À BAS L’ENFERMEMENT!

SOLIDARITE AVEC LES PRISONNIER.E.S !

À BAS LES CRA !