Lettre collective du CRA 1 de Vincennes en lutte

Une grève de la faim, alliée à une grève de l’infirmerie et de l’ASFAM (l’association  présente dans le centre) a éclaté au CRA 1 de Vincennes jeudi et s’est poursuivie vendredi, partiellement suivie au CRA 2. Nous relayons ici une lettre collective faisant suite à cette grève :

Le  21/03/19, au Centre de Rétention de Vincennes Paris 1

Salutations,

Nous, les retenus du centre administratif de Vincennes CRA 1,  nous permettons de vous écrire afin de vous parler de notre galère physique et psychique.

Nous commençons par parler de la maltraitance des policiers,  agression physique à chaque fois que nous parlons avec eux  de nos droits humains : des retenus blessés et il y a aucun traitement pour les soigner.

Des insultes chaque jour même avec un mot que nous ne comprenons pas et des actes de discriminations et du racisme qui accentuent notre souffrance (« sale arabe », « fils de pute », …).

Quant  à la nourriture,  elle est vraiment  inconsommable : nauséabonde qui donne envie de vomir.  La majorité  des retenus souffrent de la malnutrition et des effets des produits emballées (gale, problèmes digestifs).

Il y a parmi nous des retenus malades qui souffrent de problèmes mentaux, d’autres qui ont la tuberculose, la gale. Nous  avons l’impression qu’ils nous préparent un  lieu favorable par la contagion. Le médecin du centre ne  croit pas qu’il y ait vraiment des retenus malades. Il fait que  leur donner des calmants, sans aucuntraitement avec aucune intention de les soigner.

Les chambres ne sont pas stérilisés. Donc plusieurs maladies se répandent rapidement dans le centre. Humainement, c’est injuste d’emprisonner les étrangers pendant trois mois pour décider leur déportation ou pas. Nous ne sommes pas des criminels pourtant nous sommes traités comme des chiens: imaginez, ils nous amènent dans des cages au tribunal.

Merci

Tentative de suicide au centre de Vincennes : l’enfermement et la justice poussent à bout

Des Coups de fils reçus aujourd’hui de Vincennes

Alors que plusieurs tentatives de suicide sont signalées à Coquelles ou à Mesnil, on nous a rapporté une autre tentative aujourd’hui à Vincennes. La personne a été sauvée à temps par les autres prisonniers.

On nous a aussi parlé de l’engrenage de la rétention et des passages successifs devant les juges qui ne laissent aucun répit.

Lui son tribunal c’était samedi dernier. Et il n’a pas eu la décision tout de suite. Comme il comprend pas le français, ils lui ont mal expliqué, ils lui ont mal transmis. Donc il a compris qu’il allait être libéré. Il était content pendant tout le week end.

Il a reçu un avis défavorable du tribunal, pour le retenir encore là au centre. Parce qu’il a déjà passé 28 jours, ils ont rajouté une trentaine de jours. Il l’a reçu cet après midi (lundi), sur les coups de 13h. Il m’a montré la décision. C’est un Afghan. J’essaie de connecter en anglais. Je lui parle un peu. Comme je lis le français, on essaie de lui transmettre l’information, enfin comme je peux. Voilà, il était vraiment dans un état dépressif après avoir reçu la décision du tribunal.

Il a demandé l’asile. Il avait une attestation de l’asile déjà. Ils ont pas voulu de l’attestation. Apparemment, c’est une attestation qui n’est plus valide, qui a expiré. Du coup elle n’était pas renouvelable. Enfin j’ai pas beaucoup de détails sur l’affaire.

Du coup aujourd’hui il a reçu la décision. Il a compris que c’était pas en sa faveur. On lui a dit que ça fait rien, que ça va aller. On était tous ensemble pour essayer de le consoler quoi.

Et du coup moi je suis rentré dans ma chambre tranquille, j’ai pensé il est allé dans sa chambre lui aussi.

Et là un mec, depuis la salle télé, l’a vu en train d’attacher la corde à son cou dehors. On est arrivé juste à temps pour le décrocher. En fait dans la cour y a une cage à l’extérieur. Vous voyez comme y a des cages là où on met des oiseaux. Ou bien les animaux voilà. C’est une cage, et il s’est pendu au niveau des barreaux extérieurs de la cage. Il a réussi à grimper. C’est fou quand même … à attacher le drap et à se pendre.

Avec un peu de chance on a réussi à grimper et à le descendre en bas. Après, ils l’ont emmené dans une ambulance et on sait plus rien du tout de lui. Ils l’ont amené à l’infirmerie puis dans l’ambulance. Et la police n’a même pas cherché comment ça s’est passé. Ils nous ont pas interrogé, qui l’a décroché, pourquoi et tout… Le minimum, une petite enquête.

Et dans la cour, aux deux extrémités, il y a deux cabines avec des policiers qui sont là en permanence jour et nuit, à ta droite et à ta gauche. Le temps que le mec il grimpe là-haut et accroche le drap, ils étaient où ? sur leur smartphone ? J sais pas. Ils ont rien vu du tout. C’est nous de l’intérieur qui avons réussi à le voir et nous sommes précipités vers lui. Pourtant, eux leur travail consiste à nous surveiller.

Pour moi j’ai remarqué le système judiciaire il est un peu compliqué.

Quand tu sors de la garde à vue, après 24 ou 48h. Donc la garde à vue, je vous raconte pas ce que c’est. Pas de sommeil, pas de rien du tout, on peut pas dormir. On est sur nos gardes et tout.

On arrive là au centre pratiquement le soir. Moi je suis arrivé à 20h30. Le lendemain tu dors pas. C’est la panique toute la nuit, tu sais pas comment ça se passe et tout. Le lendemain on t’apprend que tu vas au tribunal le sur lendemain, vous voyez? Donc t’arrives la nuit, tu passes la nuit, et le surlendemain, le jour d’après t’es au tribunal, complètement déphasé, vous savez pas où vous en êtes.

Et puis le tribunal j’ai pas l’habitude de ça. Et si vous n’avez pas les moyens vous n’avez pas le temps de contacter votre famille, vos avocats. Et c’est nécessaire.

Ils nous prennent à la hâte comme ça. Si t’es pas libéré, on te ramène au centre. Tu passes la nuit, c’est pareil tu dors pas et tout. Le lendemain, tu passes la journée. Le surlendemain tribunal, tribunal d’appel. Vous voyez ? Vous n’avez même pas le temps de respirer, de contacter, de rien.

En plus ici on nous enlève nos smartphones. Donc le temps de s’acheter un portable à l’ancienne comme nokia, les basiques là. Il faut demander l’OFII. Si t’as de l’argent. L’OFII tu donnes l’argent le matin, ils te ramènent le truc à partir de 15h. Et vous avez le droit d’utiliser votre carte SIM mais votre portable non. Donc si vous avez pas le bon mobile, vous pouvez pas l’allumer pour voir les numéros.

Donc t’as pas le temps de contacter les tiens ou un avocat. Voilà comment ça se passe le système juridique au début.

Après, quand t’es retenu, on te programme pour le vol. Assez rapidement. Après y a le tribunal administratif. Le recours. Puis si t’es pas libéré, pour avoir la décision, ça met minimum 10 jours. Donc c’est impossible. En attendant ils vous mettent un vol. Imaginez vous avez une décision, vous faîtes appel. L’appel bloque pas le vol.

Pour moi le tribunal administratif c’était samedi pas celui là celui de l’autre semaine. J’attends encore la décision. Le temps de faire un appel. Le temps de confirmer et d’accepter l’appel, ça va prendre une quinzaine de jours. Moi j’ai déjà eu un vol. j’ai refusé le vol. Mais très certainement je vais avoir un vol dans les prochains jours. Donc ils te prolongent cette durée exprès pour ne pas avoir le temps de faire appel.

Si vous avez la chance vous pouvez vous payer un avocat. Parce que les avocats d’office, pratiquement les gens qui sont libérés. Je vous dis peut être 90%, même 99%, ce sont les avocats de l’extérieur, ce sont pas les avocats d’office.

coups de téléphones le lundi 11 mars 2019

 

Un étudiant de Paris 1 au centre de rétention de Vincennes: mobilisation en cours !

Le collectif sans papier paris 1 a annoncé en début de semaine qu’un étudiant de la fac de p1 est en centre de rétention. Les premiers recours juridiques n’ont rien donné, la mobilisation commence à s’organiser sur Tolbiac.

Vendredi dernier à eu lieu une première réunion d’organisation ou une quarantaine d’étudiant.e.s, de personnel et de membre du CSP1 ont commené à s’organiser en solidarité !

Jeudi prochain (le 28/02/19) c’est jours de mobilisation sur la fac ! Rendez vous a 14h pour une manif dans le quartier en solidarité avec les étudiant.e.s enfermé.e.s et tou.te.s les autres !

On relaye ici le texte écrit par P. enfermé au CRA2A et étudiant à Paris 1:

Avec les Centres de Rétention, la constitution française est bafouée. Selon celle-ci, nous avons des libertés, l’autorité politique doit respecter cela. Pourtant, même des personnes ayant leur famille sont incarcérées dans ce centre où règne l’indignité.

Ils veulent envoyer tout le monde dans leur pays d’origine, même des innocents qui n’ont rien fait. Le principe d’égalité n’existe plus tant il réside de mauvais traitements. La violence policière est de rigueur, récemment, un policier du Tribunal de La Porte de Clichy a traité les détenus « d’animaux ». C’est très grave et nous en avons des preuves.

La Fraternité n’existe plus avec les Centres de Rétention. L’individu est menotté comme un criminel, même lorsqu’on a une famille ici.

Ce n’est pas la justice tout cela, il faut respecter le droit enseigné à l’université.

C’est le chaos total, dans les Centres de rétention on peut y mourir. Le gouvernement français doit respecter la dignité humaine

 

Pour se tenir informer ou donner des coups de main: cesp1@tutanota.com

Et le FB: collectif sans papier paris 1

On rappelle aussi la manif du 3 mars, rendez vous devant la Gare du Nord à 14h pour manifester contre tous les centres de rétentions !