SOLIDARITÉ FACE À LA RÉPRESSION DES LUTTES CONTRE LES CRA ET SOUTIEN À TOUTES LES PERSONNES ENFERMÉES

Dans le cadre d’une instruction ouverte sur les luttes contre les constructions des centres de rétention administrative (CRA), une camarade italienne a été perquisitionnée puis placée en garde-à-vue mercredi 29 mai  (lien : https://paris-luttes.info/des-nouvelles-de-l-instruction-en-18420?lang=fr). À la sortie du tribunal, il lui a été notifiée qu’elle faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) pour « trouble à l’ordre public » et d’une interdiction de circuler sur le territoire français (ICTF) de 2 ans et que la préfecture demandait son placement immédiat en rétention administrative. Elle a été directement emmenée au CRA du MesnilAmelot alors que la détention provisoire avait été écartée par le juge d’instruction à l’issue de sa garde-à-vue. 

Pendant son placement en rétention, elle est passée une première fois devant le juge des libertés et de la détention (JLD) qui a validé son placement en CRA. L’appel, qui a eu lieu quelques jours plus tard, avait confirmé cette décision. Finalement, elle a été libérée par le tribunal administratif, qui a annulé son OQTF, à l’issue de dix jours de rétention au CRA.

Ces mesures s‘inscrivent dans la continuité de la répression politique des luttes contre les CRA, une répression de plus en plus vénère ces derniers mois : contrôles d’identité, arrestations pendant des parloirs sauvages (https://paris-luttes.info/des-nouvelles-des-inculpe-es-de-la-17867?lang=fr) , procès, interdiction de visite en CRA. A Cela s’ajoute une couverture médiatique montée en épingle par des gratte-papiers d’extreme droite et aujourd’hui ouverture d‘une instruction, surveillance et rétention administrative. La préfecture et le ministère de l’intérieur ne reculent devant rien, allant jusqu’à outrepasser l’enquête judiciaire en cours pour enfermer la camarade pourtant sortie libre de sa garde-à-vue.

Cette pratique de double peine opérée par la préfecture est bien connue et reflète les témoignages reccueillis des personnes en CRA. Au moment de leur sortie de taule ou même d’une garde a vue, et sans y être préparées, elles sont directement  enfermées en CRA sur ordre de la pref et si la procédure aboutit, expulsées. C’est l’obsession de Darmanin et de sa dernière loi qui vient confirmer le naufrage sécuritaire et raciste en construisant la figure de « l’étranger délinquant ». D’ailleurs le placement en CRA de la camarade est un bon exemple de l’un des axes majeurs de la loi Darmanin : faciliter le retrait de titre de séjour, l’émission d’OQTF, le placement en rétention et l’expulsion sur le motif vague, complètement arbitraire et très politique de « trouble à l’ordre public » ou « menace aux intérêts de la société ». Mais ce n’est pas une tendance complètement nouvelle. Ce motif est utilisé de manière systématique contre certains groupes de personnes européenne ou avec des papiers européens. Une simple garde-à-vue pour des motifs aussi futiles qu’outrage ou rébellion peuvent, même sans aboutir à une condamnation, entrer dans ces cadres cadres juridiques flous. Les CRA sont blindés de personnes de nationalité roumaine ou bulgares, expulsées toutes les semaines dans leurs pays d’origine. La soi-disante libre circulation dans l’espace Schengen existe seulement si t’as du fric, si t’es suffisamment blanc·he, et si tu fais pas trop chier les keufs et ceux qu’ils protègent.

Depuis quelques années la rétention administrative est aussi devenue un outil de répression contre les militant·es étrangers·ères, européen·nes ou non. Quelques exemples : en 2016, trois camarades italiennes sont arrêtées pendant une manif à Calais et placées en CRA ; même histoire en 2019, pour deux camarades italiens arrêtés pendant un parloir sauvage devant le CRA de Vincennes, qui sortiront avec 2 ans d’interdiction du territoire français ; quelques mois plus tard, un autre camarade italien est enfermé au CRA de Vincennes pendant un mois, dans le cadre du mouvement des gilets jaunes ; plus récemment, en mai 2023 une camarade allemande est enfermée au CRA du Mesnil-Amelot après s’être faite embarquée lors de la manifestation du premier mai ; en juin 2023, cinq camarades antifascistes sont eux aussi placés aux CRA du Mesnil-Amelot et de Vincennes, ils sortiront avec des interdictions du territoire français.

Depuis le début des mobilisations pour la palestine et contre le génocide sioniste, cette pratique semble être devenue encore plus courante. En octobre 2023, la militante palestinienne Mariam Abu Daqqa est arrêtée à Marseille, enfermée en CRA et expulsée avec interdiction du territoire, toujours en raison du « trouble à l’ordre public ». Et nombreuses sont les personnes arrêtées pendant les premières semaines du mouvement et placés en CRA (https://rebellyon.info/Communique-de-collectifs-de-luttes-contre-25488). 

Si l’état français, et en particulier le gouvernement macron, a brillé dans ce genre de mesures répressives, il n’est sans doute pas le seul cas en europe. Pour donner un exemple récent : en mai de cette année, des camarades tentent d’occuper la fac d’athènes, en grèce, en solidarité avec la résistance des palestinien·nes et contre l’extermination de la population de Gaza. Parmi les 26 personnes arrêtées, les 9 qui n’avaient pas de papiers grecs sont placées dans le CRA de Amygdaleza, où elles resteront pendant une dizaine de jours pour sortir avec des interdictions du territoire (https://lavampa.noblogs.org/post/2024/05/25/breve-aggiornamento-dalla-grecia-e-riflessioni-a-margine/). Une dynamique similaire est en cours en italie, où en plus des CRA l’état fait aussi recours aux taules : depuis plusieurs mois, 3 palestiniens sont emprisonnés avec l’accusation de terrorisme à cause de leur soutien à la résistance, dont un initialement menacé d’expulsion vers les prisons israeliennes (https://it.palestinechronicle.com/partigiani-palestinesi-litalia-arresta-attivisti-accusandoli-di-terrorismo/). Cette liste est loin d’être exhaustive : on peut seulement imaginer combien de militant·es étrangers·ères avec ou sans papiers, avec qui on n’était pas en lien, ont été réprimé·es et éloigné·es de la france à cause des luttes qu’iels menaient…

Dans ce contexte répressif, il y a quand-même une spécificité dans le cas de la camarade italienne : la rétention administrative accompagne une instruction, encore en cours, justement contre les luttes contre les CRA et ses collabos. On ne peut qu’être solidaires avec elle, et de toutes les personnes enfermées dans les CRA, de tou·tes les étrange·res ciblé·es par le racisme d’État et tou·tes celleux qui, depuis diverses réalités, luttent et attaquent les rouages d’une véritable industrie de l’enfermement et de l’expulsion.

Que brûlent les CRA et les taules