Si on retourne un peu en arrière, on se souvient que les centres de rétention en France s’étaient presque tous progressivement désemplis pendant le premier confinement. Certains étaient même complètement vides (sans pour autant avoir fermé définitivement, ça aurait été trop beau). C‘était le cas notamment des CRA de Plaisir, Palaiseau, Bordeaux, Guadeloupe, Hendaye, Nice, Rennes et Strasbourg.
Alors que cette nouvelle vague de pandémie est encore plus violente et meurtrière que la première, les CRA se sont soudainement remplis au maximum juste avant le second confinement. Plusieurs témoignages nous sont parvenus des personnes enfermées pour nous expliquer la recrudescence des rafles mercredi 28 et jeudi 29 octobre et pendant les jours qui ont suivi :
« C’est comme s‘ils savaient que ça serait plus dur de nous arrêter pendant le confinement, comme il y aurait moins de gens dans les rues. C’est comme s‘ils faisaient le plein.« , nous a dit un retenu.
Les conditions sanitaires sont toujours désastreuses, et les clusters se multiplient. Ce n’est pas étonnant, vu que les CRA sont blindés. Les flics et les jugent continuent à jouer avec la vie des gens : les personnes qui sont testées positives sont parfois mises à l’isolement total et privées de soins, parfois enfermées avec des prisonnier.e.s non malades qui risquent donc de choper le virus. Les vols cachés continuent à destination de certains pays (surtout enEurope mais pas seulement), tandis que d’autres exigent que les personnes expulsées soient testées négatives. Mais si les prisonnier.e.s refusent le test pour résister à la déportation, ils.elles font généralement face à la garde à vue et à des peines de prison ferme – comme on le disait dans l’article précédent, https://abaslescra.noblogs.org/contre-le-confinement-et-lenfermement-appelons-les-cabines-des-cra/
Au CRA de Vincennes les autorités tentaient, jusqu‘à fin octobre, de mettre en place un semblant de protocole face au Covid-19. Les bâtiments 2A et 2B servaient de « bâtiments d’arrivée » où étaient placés les nouveaux arrivants qui faisaient immédiatement un test Covid. S‘ils étaient négatifs, ils étaient placés dans le bâtiment 1. S‘ils étaient positifs, ils étaient placés soit en hôtel, soit dans l’un des deux autres bâtiments qui servaient pour enfermer les personnes testées positives et/ou pour mettre en septaine les personnes ayant été en contact avec une personne porteuse du virus.
Cette organisation de façade a complètement été abandonnée depuis le re–confinement. Le bâtiment 1, déjà presque plein, est aujourd’hui plus que plein. Les personnes retenues nous informent que les chambres ne pouvant accueillir pas plus de quatre personnes sont dorénavant occupées par cinq à six personnes. Enfin, les bâtiments 2A et 2B se sont eux aussi remplis rapidement. Les tests d’arrivée ont été abandonnés. Résultat : 7 personnes ont été testées positives au Covid-19 la semaine dernière dans le bâtiment 2A (suite à la déclaration de symptômes chez plusieurs d’entre eux). Les personnes testées négatives ont été transférées dans le bâtiment 2B. Deux jours plus tard, dans ce même bâtiment 2B, on amenait une personne présentant de graves symptômes (les flics sont venus la récupérer 3 heures plus tard, on espère qu’elle est allée à l’hôpital). Le bâtiment est lui aussi en quarantaine, en attendant les résultats des tests. Actuellement, 138 personnes sont enfermées dans ce CRA !
On se fout de la santé des personnes sans-papiers, on se fout de mettre leur vie en danger. Aujourd’hui comme tous les jours, la seule solution c’est la destruction de tous les centres de rétention ! A bas les CRA et les frontières !
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