Nous relayons ici les témoignages de retenus du CRA de Marseille, publiés il y a quelques jours par le collectif Marseille Anti-CRA.
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Dans la nuit du 30 Juin, une révolte a éclaté au centre de rétention du Canet à Marseille. Un incendie a été déclenché, occasionnant des blessé.es, et de la répression : le lendemain plusieurs personnes ont été transférées au CRA de Nîmes ou mise en garde à vue dans des commisariats de Marseille. Une personne est partie à l’hôpital dans un état particulièrement grave. Hier [le 1 juillet], on a appris sa mort.
T.W. : Ces témoignages parlent de cas de suicides
Témoignage CRA Marseille 02/07/2023 :
Je disais la situation dedans, les toilettes sont très sales, la nourriture est
moisie tu peux même pas donner à un chien, y a rien, ils [la PAF] insultent
les gens et tout et provoquent les gens il y a deux groupes.
Y en a un ils insultent et sont très racistes, tu demandes un sachet de sucre ils te donnent pas, rien. [A propos du cachot] Non pour le moment y a pas, moi la semaine passée, ça fait dix jours j’ai demandé à voir un médecin. Je vais même pas à l’hôpital, pas de médicaments.
C’est pour ces conditions (le feu). Ils ont voulu éteindre vers 1h du matin ça a commencé à minuit jusqu’à 3 heures du matin. Tout le monde se sent pas bien on a perdu quelqu’un qui est bien et tout. Dans une situation comme ça, de la misère et tout et en plus de ça tu perds des personnes, ça se passe pas bien. Tout le monde a le moral nul.
Y a des gens qui font des tentatives de suicide ici, c’est pas le premier celui là, y a quelqu’un avant lui il a passé trois jours à l’hôpital ils l’ont ramené ici. Tout le monde veut se suicider plutôt que d’aller en prison parce que tu passes 1 an en prison et 3 mois ici.
Témoignage CRA Marseille 02/07/2023 :
Ils l’ont frappé, il a même un œil au beurre noir et tout dans l’étage où y avait l’émeute. Quand les policiers ils sont arrivés, lui il était calme tranquille et directement ils l’ont frappé je sais même pas pourquoi. Il a tapé la tête contre les murs, son nez il est tordu et il a les deux yeux au beurre noir. Là, il est passé en jugement, ils lui ont mis 22 jours. Là il est pas en isolement il est à mon étage, l’étage des gens tranquilles. Là ça va mieux c’était avant-hier quand ça s’est passé.
Quand ils sont arrivés les casques bleus, ils l’ont plaqué à lui alors qu’il avait rien à voir, ils ont dit y avait les caméras et tout mais sinon il aurait pris soit de la prison soit transféré comme ils ont transféré d’autres.
Y en a plusieurs qu’ils ont amenés en prison par rapport a l’émeute.
Lui qui est mort, y en a deux en fait. Y en a un son cœur il s’est arrêté et
après ils lui ont fait le massage cardiaque à l’hôpital, ils l’ont réveillé avec les machines et nous on a entendu y a un mort en plus mais on est pas sûrs en fait. Il est parti d’ici mort on dirait mort mort.
Même les policiers ils nous ont dit il est mort et je crois sur la route pour l’hôpital ils l’ont réveillé dans l’ambulance. Même mon collègue qui était à l’étage avec lui il m’a dit franchement je sais pas on croit que c’est une overdose. Vous voyez le jour où il y a eu le feu, ils ont mis tout le monde dans un étage, et son collègue quand il s’est réveillé, il a vu qu’il bougeait plus, il a fait quoi il l’a sorti de la cellule, il a appelé, ils ont commencé a paniquer, ils ont appelé la police et les pompiers sont venus le chercher.
Et lui qui est avec moi, ils l’ont plaqué contre le sol, contre le mur en fait quand ils l’ont plaqué, ils ont plaqué le visage contre la vitre, ils lui ont mis un coup de coude, ils sont rentrés directement, ils sont allés vers lui alors que c’est un de ceux qui a rien fait.
Quand les casques bleus sont arrivés ça a mis tout le monde à genoux, ça a mis des claques à genoux dans la promenade, on dirait une petite cage à poule, ils ont sorti à genoux lui qui passe ça l’éclate, lui qui dit c’est pas moi ou ce qu’il s’est passé c’était paf direct. Surtout dans notre étage, parce que c’est pas dans notre étage que ça s’est passé, pendant qu’ils étaient à genoux dans les promenades l’étage d’en bas ceux qui ont mis le feu et tout ça, nous on était en train d’asphyxier parce qu’on est au 1er étage. Et l’étage d’en dessous ça cramait. C’est monté par les aérations, les placards de l’électricité y a eu 2/3 explosions, ils nous ont dit de rester en promenade et après qu’ils ont maitrisé ceux d’en bas ils sont montés nous voir à nous.
Moi j’ai le stage de premiers secours, y en avait un ils l’ont pas soigné il a failli mourir par rapport à la fumée. Je lui ai fait le massage cardiaque sur place ça l’a soulagé et après le lendemain, hier, il est parti à l’infirmerie ils lui ont donné un cachet ils lui ont donné la ventoline et voilà ils lui ont dit ça va passer parce que sa voix est devenue bizarre et il respirait mal. Y avait les pompiers à l’infirmerie quand il y est allé.
Y a plusieurs personnes qui sont allées à l’hôpital. Moi jvous ai raconté par rapport à la personne qui est en état grave, 1 ou 2 ils ont amené à l’hôpital.
Lettre publique d’un détenu du CRA de Marseille :
S.O.S.
Ici, dans le centre de détention où nous sommes, nous vivons l’enfer quotidiennement. Nous vivons comme des animaux, sans eau, ni électricité, ni soins (je n’ai pas vu de médecin malgré mes crises d’estomac répétées).
Des gardes sans scrupules et beaucoup d’autres choses que je ne peux décrire.
Un jeune tunisien s’est suicidé le 30.06.2023 et un autre algérien a suffoqué par la fumée. Tout ça dans un pays de droits. Où est passé la dignité de l’être humain ? J’espère que ma lettre trouvera des oreilles sensibles et une écoute responsable.
Leur devise : souffre et meurs sans jeter un cri