L’État poursuit ses objectifs racistes de traque, d’enfermement et de déportation des personnes qui n’ont pas les bons papiers : après les nouvelles extensions des CRA de Coquelles (Calais) et de Lesquin (Lille) et les projets de création de nouveaux CRA à Lyon-Saint-Exupéry (un 2e à côté de celui déjà existant), à Olivet (à côté d’Orléans) et à Bordeaux.
C’est tout récemment que nous avons appris l’existence d’un projet d’agrandissement du CRA du Mesnil-Amelot, pour 2025. Soixante-quatre nouvelles places seront créées sur un autre site, à quelques minutes en voiture du CRA existant.
Actuellement, le CRA du Mesnil-Amelot est situé au 6, Rue de Paris, 77990 Le Mesnil-Amelot. Il est constitué de 240 places (120 dans la CRA 2 et 120 dans le CRA 3) et a enfermé 3684 personnes en 2019 (https://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2020/09/La_Cimade_Rapport_Retention_2019-1.pdf). Le CRA a pour voisinage direct l’annexe judiciaire du Mesnil-Amelot, qui sert à juger les personnes enfermées (JLD), un cantonnement de CRS et le bruit continu des avions qui décollent et atterrissent sur les pistes à quelques centaines de mètres de là : on voit clair dans la volonté de l’État d’optimiser son industrie de la déportation.
Le mot d’ordre : enfermer toujours plus et toujours plus longtemps. D’un seul CRA en 1999, on est passé aujourd’hui à 25 CRA en France et dans les colonies et le nombre de places a doublé en 15 ans (passant de 1000 places en 2004 à presque 2000 aujourd’hui). Depuis 2018 et la Loi Asile et Immigration, la durée de rétention a doublé, passant de 45 à 90 jours. Cet allongement de la rétention implique nécessairement une augmentation du nombre de places et la construction de nouveaux CRA.
La dimension punitive et coercitive de la rétention n’échappe plus à personne. La collaboration entre taule et CRA se renforce elle aussi, visant à punir d’autant plus les « mauvais » étrangers. Et dans la même lancée liberticide, ce sont aussi 15000 nouvelles places en taule qui vont être construites sur huit sites sur tout le territoire national. L’enfermement a le vent en poupe !
Les informations qui émanent de la presse bourgeoise et pro-flic, cela va sans dire, sont très vagues et le ministère de l’Intérieur continue son enfumage : « la perspective [est] encore assez lointaine pour [ce] CRA, nous n’avons pas d’éléments à communiquer à ce stade. ». Pourtant, toutes les données concernant ce projet dégueulasse sont publiques et accessibles dans le dossier de l’appel à projet : https://www.marches-publics.gouv.fr/app.php/consultation/727711?orgAcronyme=g6l et https://www.boamp.fr/avis/detail/21-11029/0. On y apprend que l’extension se situera au 1, Rue du Périchet, 77990 Le Mesnil-Amelot (49.01572, 2.58369) dans deux bâtiments mitoyens pour une surface totale de 1725m² et 55 cellules. Il s’agit d’un ancien cantonnement des brigades mobiles de gendarmerie en charge de la gestion de l’ancien CRA (n°1) du Mesnil-Amelot, dont la construction date de 1995. Actuellement, le bâtiment est utilisé pour l’hébergement des militaires de l’opération sentinelle intervenant sur la zone aéroportuaire de Roissy.
Le coût prévisionnel du projet est de 4,9 millions d’euros pour une durée de 3 ans et 2 mois. Comme l’a dit Darmanin : « On a l’argent pour construire des CRA ». À l’heure actuelle, nous ne savons pas quelles entreprises remporteront le marché public puisqu’elles ont jusqu’au 03/05/2021 pour candidater.
Ce projet d’extension est partiellement financé par le FAMI (Fonds Asile Migration et Intégration de l’Union Européenne). Derrière ce nom se cache notamment le volet sobrement appelé « retour ». Dans celui-ci, l’un des objectifs nationaux stipule que 51,1 millions d’euros ont été consacrés, sur la période 2014-2020, aux mesures accompagnant les expulsions et notamment les « mesures en faveur des retenus dans les centres de rétention administratives (travaux, formation des personnels dans les CRA, accompagnement des retenus, interprétariat) » — Ouais, on a tou.te.s bien lu, c’est écrit « en faveur »… — Ce discours hypocrite autour de l’amélioration des conditions de vie en CRA est tout autant à gerber que la nourriture servie à l’intérieur.
Comme dans tous les projets de marchés publics depuis quelques années, il apparaît une clause sociale, qui impose aux futures boîtes collabo d’engager un ou plusieurs jeunes décrocheurs, de 16 à 25 ans. De fait, un lieu broyeur de vies devient instantanément le parfait outil de raccrochage et d’intégration sociale des jeunes par le travail — Construire une taule, voilà un bel avenir!
Les documents sont disponibles ici au format PDF:
Site PERICHET
Dossier du marché
Dès que nous connaîtrons les noms des boîtes, nous les publierons — Parce qu’on est vraiment sympa!
Soutien au prisonnier.e.s!
À bas l’enfermement! Liberté de circulation pour tou.te.s !
À bas les CRA!
Il est toujours bon de rappeler que n’importe qui peut discuter avec les prisonnier.e.s en appelant les cabines des CRA. Nombre de témoignages sont déjà sortis des CRA mais combien d’autres ne l’ont pu ? Vous trouverez plus d’informations ici : https://abaslescra.noblogs.org/appeler-les-retenu-e-s-numeros-des-cabines-en-cra/.