Face aux luttes des prisonniers-ères de Mesnil-Amelot, encore plus de cages et de keufs

Depuis cet été, ça bouge pas mal au CRA de Mesnil-Amelot (la taule pour enfermer et expulser les sans-papiers qui est située à côté de l’aéroport Charles de Gaulle). Le nouveau cycle de luttes de ces derniers mois a été intense et détér : des manifs ont eu lieu à l’intérieur du CRA, certains prisonniers sont montés sur les toits pour protester et plusieurs ont essayé de s’évader à plusieurs reprises, des grèves de la faim ont été lancées dans les bâtiments des hommes et des femmes, et il y a eu même des incendies qui ont détruits des cellules d’isolement (plus de détails ici).

L’administration du CRA et les keufs ont réagi rapidement, et la répression a été violente comme d’habitude. Ils ont appelé des renforts pour réprimer les émeutes, ils ont gazé et tabassé, en transférant certains prisonniers dans d’autres CRA et en en envoyant d’autres en taule (deux prisonniers sont passés devant le tribunal de Meaux pour participation à groupement armé, dégradations et rébellion, et condamnés à 2-4 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt et 5 ans d’interdiction du territoire français pour un).

Après ces révoltes, les prisonnier-es et les prisonnières n’ont pas  cessé de résister aux keufs et aux expulsions de manière individuelle ou collective, et aujourd’hui encore ça reste très tendu à l’intérieur.

Aussi parce que les personnes enfermées sont transférées d’un bâtiment à un autre comme si elles étaient des colis. En août le CRA 2 a été fermé pendant plusieurs semaines et tout le monde a été transféré au CRA 3, mais ensuite des prisonniers avec le COVID ont commencé à être mis en isolement au CRA 2.

Avec les dernières grosses rafles dans le 19ème où plusieurs dizaines des personnes ont été arrêtées et placées en rétention, deux bâtiments du CRA 3 ont été utilisés comme lieux d’isolement et de sevrage forcé. Ces personnes ont finalement été déplacees au CRA 2 (dans les bâtiments rénoves) il y a quelques jours.

Ces déplacements contraints à l’intérieur du CRA ne servent pas seulement à casser les dynamiques de lutte et à disperser les collectifs de prisonniers-ères, mais aussi à mettre en place des restructurations importantes dans l’architecture de cette taule pour sans-papiers.

En effet, depuis quelques temps les prisonnier-es ont remarqué que les murs autour du chemin de ronde sont en train d’être rehaussés. Les cours de promenade aussi seront grillagées, comme c’est déjà le cas dans d’autres CRA déjà : une vraie cage du début à la fin !

Mais ce n’est pas tout. On apprend de la page FB de la Cimade (l’asso qui intervient dans le CRA) que depuis le 12 septembre quatre OPJ (officiers de police judiciaire) sont présents à temps plein dans le centre, pour placer les prisonniers-ères en garde à vue rapidement et directement, sans besoin de les ramener au comico.

Une GAV à l’intérieur d’un CRA, histoire d’encore mieux enfermer les enfermé.es, notamment celleux qui essayent de résister à la machine raciste et classiste de la rétention et de l’expulsion. Et pour terminer, l’administration va construire aussi des nouvelles cellules d’isolement, pour avoir plus de place pour punir les révolté.es et pour isoler celleux qui résistent aux expulsions. C’est d’ailleurs dans les cellules d’isolement qu’ont lieu la plupart des tabassages les plus violents, loin de tout regard

Le projet est clair : l’administration et les keufs du CRA de Mesnil Amelot veulent en finir avec les évasions et les révoltes. Ce projet s’inscrit aussi dans un contexte plus large de perfectionnement des politiques d’enfermement et d’expulsion : un nouveau CRA sera construit juste à côté de celui existant, mais aussi à Olivet (Orléans), à Perpignan et vers Bordeaux. Et  on entend aussi parler d’un CRA à Nantes et d’une « rénovation » à celui de Vincennes…

Nous savons très bien que les nouvelles constructions de CRA et les restructurations des CRA existants ne suffiront pas à empêcher les  prisonnier-es de se rebeller, et que face à pour chaque projet de répression et d’enfermement de nouvelles formes de luttes vont naître.

Mais depuis l’extérieur ne restons pas les bras croisés.
Continuons à apporter notre solidarité aux prisonniers-ères, relayons leurs paroles et leurs luttes, multiplions les parloirs sauvages et les actions, à Mesnil Amelot et partout ailleurs !
Le CRA ne se réforme pas : il se détruit.

A BAS LES CRA !