Ces dernières semaines les retenus font preuve de beaucoup de résistance et de solidarité. Après une révolte généralisée le 23 décembre dans les trois bâtiments du centre de rétention administratif de Vincennes, 11 personnes ont réussi à se faire la belle le matin de noël.
On aurait trop voulu voir la tête du chef du CRA de Vincennes, quand ce 25 décembre au matin, alors qu’il s’apprêtait, tranquille, à déballer sa nouvelle matraque, ses sbires l’ont appellé pour lui dire que 11 retenus venaient de se faire la malle.
En effet, 11 retenus du CRA 2B ont réussi à s’évader en forçant la fenêtre d’une de leur cellule, puis en découpant un trou dans le grillage. Ils ont notamment profité que les caméras de surveillance ne fonctionnaient pas à cet endroit. Bien joué à eux!
La nouvelle s’est rapidement répandue dans tous les bâtiments (le CRA de Vincennes est composé de trois bâtiments enfermant plus de 230 personnes en tout). « Tout le monde est trop content de savoir qu‘il y en a qui ont pu s’évader, ça fait trop plaisir, ça donne de l‘espoir », explique un retenu.
Déjà l’avant veille, le samedi soir, les CRA 2A et 2B se révoltaient en même temps. Des retenus cassaient des vitres pour tenter de s’évader, après avoir fait sonner les alarmes incendie, mis le feu à des matelas et fait disjoncter le courant dans un des bâtiments.
Pendant ce temps au CRA 1, les personnes enfermées manifestaient et gueulaient pour leur liberté. « Comme c’était le bordel dans les 3 bâtiments, les flics n’en pouvaient plus », explique un retenu. « Quand tout le bâtiment se met ensemble, les flics ils sont perdus. » Alors quand les 3 CRA décident de foutre le bordel au même moment…
Face à cette révolte généralisée, les flics sont intervenus massivement. En plus des gazeuses et flash ball, ils ont débarqué avec des chiens. De nombreux retenus se sont fait sauter dessus et griffer par les chiens avant d’être regroupés dans les cours de promenade, le temps que les cellules soient fouillées. Tout cela a duré une bonne partie de la nuit, mais la tentative d’évasion a échoué.
Ce n’était que partie remise. Le lendemain, les retenus des différents bâtiments se font passer le mot : c‘est noël, y a moins de flics, c’est le moment !
Et c’est ainsi que le 25 décembre au matin, les 11 personnes ont pu s’évader. L‘histoire aurait pu être plus belle encore, car quelque heures plus tôt, au CRA 1, une petite équipe tentait elle aussi de se faire la malle. Mais les personnes se sont fait choper – après avoir quand même passé l’enceinte du CRA !
Evidemment, il y a eu depuis une grosse répression et plein de flics partout. Le préfet de police Nunez a annoncé le 26 décembre des « renforts humains notamment à la périphérie du site », l’installation de nouveaux grillages et de nouvelles caméras.
« Les flics ont trop le seum. Ils ont rien capté. Ils sont en échec », rigole un retenu. « Mais là faut qu’on fasse gaffe, car ils jouent les cow boy. Dès que tu leur réponds, tu pars à l’isolement et tu te fait tabasser. Ils ont aussi laché les chiens en bas du bâtiment, coupé la lumière à l’extérieur et ramené une nouvelle équipe en renfort, style intervention. Mais nous on s’en fout, on reste à l’affut ».
Avant cette évasion, il y a eu de nombreuses tentatives, dont celle réussie mi-novembre (8 personnes se sont échappées). Les retenus ont aussi récemment aidé l’un des leurs à se cacher pour éviter de voir le consul et ainsi retarder son expulsion. Il y a quelques jours, ils ont écrit ensemble des textes pour dénoncer la rétention et ses conditions.
On leur souhaite bon vent, et force à eux !