Moins de 10 minutes, c’est ce qu’il faut à un juge des libertés et de la détention pour prolonger l’enfermement de détenus en centre de rétention (CRA) lors d’une audience en « visio ». Depuis le covid, les « vidéo-audiences » sont la norme. Cette justice expéditive bafoue d’autant plus les droits des personnes que les conditions sont déplorables, comme nous l’ont encore récemment raconté plusieurs détenus du CRA de Vincennes.
Dans la préparation tout d’abord, les détenus ont peu de temps pour s’entretenir avec leur avocat. « Moi le commis d’office m’a appelé sur la cabine, j’entendais à peine ce qu’il disait », raconte un détenu. Ensuite, une fois dans la salle de visioconférence tout va très vite. « Le son était très mauvais, je n’ai pas pu m’expliquer, ça a duré 5 minutes et j’ai pris 28 jours de plus », explique un détenu.
Un autre témoigne « cela a duré même pas 10 minutes. Le son est dégueulasse. T’as vraiment du mal à entendre. En plus, derrière la porte, les flics, ils parlent super fort. Ils le font exprès ou quoi ? Même quand je disais au juge que je ne l’entendais pas, il continuait de parler. C’est un robot ou quoi ? Comment tu veux que je puisse me défendre. L’avocat ? Il a parlé 2 minutes et puis à un moment l’image a coupé. Après ça se rallume, le juge réapparait, il me dit que je reprends 28 jours. 28 jours de plus à être en cage. »