Lundi 19 août, un prisonnier est retrouvé décédé dans la cellule où il était enfermé, dans le Centre de rétention administrative de Vincennes. Un jeune homme de nationalité roumaine, rentré depuis quelques jours dans cette prison pour étrangers. Les journalistes ne perdent pas de temps pour répéter qu’il s’agit d’un accident individuel finalement inévitable, que les matons et les autres collabos qui travaillent dans le CRA, n’y sont pour rien : « les premiers éléments d’enquête, notamment médico-légaux, conduisent à écarter l’intervention d’un tiers ».
Selon les journaux, la cause de la mort serait liée à des médicaments. Mais d’où il se serait procuré ces médicaments ? A l’entrée du CRA, tout est saisi et mis au coffre, c’est l’infirmerie du centre qui file les médocs aux prisonniers (bien sûr, surtout des somnifères pour que la situation reste tranquille dans la prison mais aussi des calmants). Certains prisonniers du bâtiment 1 de Vincennes parlent d’overdose de méthadone : dans ce cas aussi, difficile d’imaginer que les keufs ne soient pas au courant. D’autres prisonniers sont plus sceptiques, y voient des responsabilités directes de l’administration et des matons.
En tout cas, les personnes avec qui on a pu parler n’ont pas beaucoup d’infos car dès que son décès a été annoncé, tous les prisonniers de l’aile de sa cellule ont été sortis des bâtiments pendant plusieurs heures, de manière à ce que personne ne sache vraiment ce qui s’est passé. Tout doit être caché, dissimulé, effacé, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une mort. Les morts qu’on dit accidentelles dans les CRA, sont loin d’être rares, en France comme ailleurs.
Le 7 juillet : un détenu du CPR (CRA) de Torino meurt faute de soins. Dans les jours qui suivent, une révolte secoue le CPR. Une tentative d’incendie, des affrontements avec la police, des prisonniers blessés.
L’enfermement pousse à bout et tous les jours dans les CRA en France des personnes se mutilent ou tentent de se tuer en avalant des lames, en s’ouvrant les veines, en essayant de se pendre ou en se gavant de médicaments. Comme Karim qui est mort en 2018 au CRA de Toulouse-Cornebarrieu où il était prisonnier.
Mais crever dans une prison n’est jamais un accident : que ce soit à cause de la violence des keufs, du manque de soins, de l’enfermement, c’est le CRA même qui produit ces morts.
Quelques jours après la mort de ce prisonnier au CRA de Vincennes, dans le même bâtiment, un prisonnier très âgé a eu une crise cardiaque. Les flics ont attendu avant d’appeler les secours, ils vont jusqu’à se moquent de lui alors qu’il est au sol souffrant. Un autre prisonnier réagit, insulte les flics. Résultat : il est placé au mitard. Encore un exemple de comment les keufs pensent pouvoir jouer avec la vie des prisonnier.e.s dans les CRA, un exemple quotidien de résistance et de répression au sein de ces machines à expulser qui sont aussi, bien souvent, des machines à tuer.