Les CRA tuent : un retenu est mort au CRA de Vincennes, un mois après la mort de A. au Mesnil Amelot

Un retenu est mort lundi 25 novembre au CRA de Vincennes. Il s’agit de la deuxième personne tuée à cause de l’enfermement en un mois dans un CRA d’ile de france dont nous avons connaissance. Sans le témoignage de leurs co-retenus, nous n’en saurions rien. Combien d’autres sont morts dans le silence ?
Un retenu est mort lundi 25 novembre dans le bâtiment 2A du CRA de Vincennes. Les circonstances ne sont pas claires. Il s’agirait d’un suicide selon les retenus des autres bâtiments, ce qui a été confirmé par quelqu’un de l’assfam, l’association qui est à l’intérieur du CRA de Vincennes. Mais nous n’avons pas été pour le moment en contact direct avec des retenus de ce bâtiment. Toutes les cabines téléphoniques sont en effet inutilisables, ce qui renforce l’isolement des retenus face aux keufs et empêche la parole de sortir de ces murs.
Voilà ce que nous ont raconté les retenus.
Lundi en fin d’après midi un retenu est retrouvé mort dans sa cellule du CRA 2A. Il serait Argentin. « C‘était le seul d’amérique latine dans le bâtiment, y avait personne qui parlait sa langue il était isolé », raconte un retenu.
La nouvelle de sa mort s’est rapidement répandue dans les 3 bâtiments du CRA et ça a été le bordel jusque tard dans la nuit. « Le CRA il est devenu fou, raconte un gars du CRA1.Tout le monde s’est énervé. Personne n’a mangé ».

Face à ce mouvement de colère et de rage, la répression des flics est intense au CRA1. Un gars a été jeté dans les escaliers par les flics, il aurait des cotes cassés. Un autre s‘est fait défoncer à coup de tonfa et aurait été blessé à la machoire. Plusieurs personnes du CRA1 ont été sorties par les flics et n’étaient pas revenues depuis. Isolement ? expulsion ? changement de CRA ? GAV ?
En plein milieu de la nuit, vers 2 heures du matin, les flics sortent alors les retenus dans la cour, qui vont rester de longues heures dans le froid. Même chose dans les autres bâtiments 2A et 2B qui sont vidés, les retenus mis dehors, pendant que les flics fouillent les cellules et comptent les prisonniers pour identifier d’éventuelles évasions
Le lendemain, le mardi, les CRA 1 et 2A se mettent en grève de la faim. Une majorité de retenus y participe et refuse de rejoindre le réfectoire alors que dans les hauts parleurs les keufs hurlent leurs noms pour qu’ils aillent manger. Au CRA1, les flics vont même accepter que de la bouffe puisse être sortie du réfectoire pour aller dans les chambres. Un truc jamais possible d’habitude qui vise à casser la grève de la faim. Toujours le mardi, plusieurs fois dans la journée, les flics mènent des fouilles venere au 2B. 
Comme d’hab, l’ASSFAM est aux abonnés absents. Tout le mercredi les 3 numéros de l’association au sein du CRA et même quelques 06 trouvables sur internet ne répondront pas. Jeudi une personne de l’ASSFAM daigne répondre. Elle dit que selon les infos qu’iels ont, c’est un suicide, la personne est décédée à l’hopital. Mais elle ne veut rien dire de plus. Sur les cabines qui ne fontionnent pas, elle dit ne pas être au courant.
Jeudi soir, soit 3 jours après le suicide et la répression qui a suivi, l’ASSFAM n’avait toujours pas dénoncé la violence de l’enfermement et ses conséquences. Logique, l’ASSFAM vit des subventions de l’Etat raciste, bande de charognards !
Il aura fallu attendre le vendredi, pour que le groupe SOS, qui détient l’assfam publie un communiqué, présentant « ses condoléances ». Dans ce texte à gerber, on peut y lire que « c’est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons que… ». Mais la tristesse du groupe SOS et de l’ASSFAM, on s’en fout. Dans le communiqué, on comprend que l’ASSFAM était au courant que la personne avait déjà fait plusieurs tentatives de suicide et pourtant cela ne l’a pas empêché de continuer son petit taf à l’intérieur du CRA.
Car c’est pas nouveau que la rétention entraîne de nombreux troubles : perte du sommeil, de l’appétit, dépression… l’angoisse de se faire expulser, de ne pas savoir combien de temps dure la peine, la rage d’être encore enfermé pour les sortants de prison… tout cela pèse sur les corps, et la tête. Un système d’enfermement qui pousse aux tentatives de suicide et à l’automutilation.
Emission de la radio l'Envolée sur la maltraitance médicale au sein des CRA
C’est ainsi que mercredi 27 novembre, au Mesnil-Amelot, un retenu a tenté de se suicider depuis le toit d’un des bâtiments du CRA2. Deux co-détenus ont escaladé les grillages et les barbelés pour le sauver, pendant que les keufs regardaient sans rien faire. Un retenu du CRA 3, qui a vu toute la scène, témoigne du fait que les keufs ont pas bougé d’un iota et l’ont laissé tenter de se pendre : « Nous on a tout vu depuis nos batiments. C’était juste en face du mirador, on a tous vu le gars quand il a essayé de s’étrangler avec un drap. Les flics aussi ils ont vu mais ils s’en foutent. Alors après on est allé voir les flics, on leur a dit que c’est grave que ce soit les gens qu’ils enferment qui finissent par faire leur boulot à leur place. Ils ont répondu qu’ils savaient soi-disant pas monter sur ce toit, qu’ils savaient pas comment faisaient les retenus pour y arriver. C’est super grave, c’est un abattoir le CRA ! » Si ça avait été une évasion, les flics auraient sans doute trouvé un moyen de monter. 
Quelque semaines auparavant deux retenus avaient tenté de mettre fin à leurs jours au CRA3. L’un d’entre eux avait été sauvé in extremis par ses co-retenus. Le second a été placé en isolement dès son retour de l’hôpital. Dans la presse, le directeur du CRA 3 Fabrice Ancelot avait qualifié ces tentatives de suicide de « simulacres ». On voit bien que c’est pas que c’est pas lui qui ingère des lames de rasoir.
Il y a un mois, toujours au Mesnil-Amelot, au CRA3, A., un retenu de 27 ans, est mort. Il avait des problèmes de santé et devait être emmené à l’hôpital depuis une semaine, ce que les flics ont refusé de faire.
Depuis le début de l’année, nous avons eu connaissance de ces deux personnes mortes en centre de rétention. Et en 2023 au moins 5 y sont décédées. 
Mais on est surement loin de la réalité. Sans le témoignage de leurs co-retenus sur les circonstances de leur mort, nous n’en saurions rien. Combien d’autres sont morts dans le silence ?
Force aux prisonnièr·es en lutte sans qui seule la version des flics traverserait les murs.
Que crève la machine à enfermer et à tuer.