Dans l’indifférence quasi-générale, les députés ont donc voté le 8 juillet 2025 l’allongement de la durée maximale de rétention à 210 jours. 7 mois, contre 3 mois aujourd’hui. Avec Macron la durée en rétention sera donc passée de 45 jours à 210.
De toute façon 1 jour en CRA c’est déjà trop !
Pour protester, il y a bien eu un rassemblement à côté de l’assemblée nationale le 1er juillet à paris, ou à Nantes le 8 juillet devant la préfecture. A paris et en banlieue quelques tags ont coloré les murs et des banderoles ont été accrochées à plusieurs ponts.
Mais pas de mobilisations, ni de parloirs sauvages festifs ou endiablés… l’été y est pour quelque chose. Mais le peu de réaction, de riposte, illustre aussi l’apathie qui règne alors que dans le même temps l’état accélère sa politique raciste à coup de rafles, d’expulsions, de constructions de nouveaux CRA et de lois carcérales.
Pour pondre cette énième loi raciste, les députés ont instrumentalisé le viol et le meurtre d’une jeune femme fin 2024. Pendant les « débats » à l’assemblée, une grande partie des parlementaires n’ont cessé de cracher leur théorie xénophobe qui voudrait que étranger = violeur = meurtrier. Dans la droite ligne d’un fémonationalisme en plein essor.
Lire à ce sujet : Violences sexistes et sexuelles et fascisation
Cette loi a aussi été l’occasion de remettre des saloperies qui avaient sauté lors du passage de la loi immigration de darmanin de janvier 2024 devant le conseil constitutionnel. Un bel acharnement…
Cette loi doit être appliquée au plus tard le 8 octobre. Le conseil constitutionnel a été saisi et pourrait censurer certains articles.
Ce qu’elle nous dit :
i. la durée de rétention maximale est désormais de 210 jours, contre 90 jours jusqu’à présent, pour plein de « catégories » de personnes. Sont concernées :
– celleux qui ont une interdiction de territoire (judiciaire ou administrative) ou un arrêté d’expulsion
– qui sont condamné.es pour certains crimes ou délits
– qui constituent « une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public ». Cette catégorie, censée être plus restreinte que celle de « menace à l’ordre publique », reste tout aussi floue et risque de permettre à l’administration d’utiliser cette étiquette comme bon lui semble. On a déjà vu pour la qualification de « menace à l’ordre publique » qu’elle est largement utilisée pour qualifier un peu tout et n’importe quoi, désigner des personnes indésirables sans même qu’il y ait besoin d’une condamnation judiciaire.
ii. chaque retenu.e qui arrive en CRA pourra se faire prendre empreintes de force, sous certaines conditions.
iii. un demandeur d’asile dont le comportement constituerait « une menace à l’ordre public » ou qui présenterait « un risque de fuite » pourra être enfermé en CRA. Jusqu’à présent il fallait être considéré « en fuite » (i.e avoir raté un rdv préfecture) pour risquer un placement en CRA.
iv. Les conditions pour être prolongé.e étaient plus restrictives devant le JLD au 60e et au 75e jour, certain.es retenu.es étaient donc libéré.es. Ce n’est plus le cas désormais et le JLD au 75e jour est supprimé. Un nouveau JLD, au 90e jour, pourra prolonger de 30 jours la rétention, le suivant au 120e de 30 jours également et ainsi de suite jusqu’à 210 jours.
A l’intérieur des CRA, l’annonce de cette nouvelle réforme se diffuse. « Être enfermé c’est pas vivable et là ils veulent qu’on reste plus longtemps. Ici tout le monde parle de la loi qui passe à 210 jours la durée en CRA. Il faut moins de 3 mois pour devenir fou ici, alors être enfermé 7 mois… tout le monde est paniqué », racontait un retenu du CRA de Vincennes mi-juillet.
Face à la multiplication des lois racistes et dans un climat de fascisation ambiant, sortons de l’apathie ! Oui la situation politique est déprimante et c’est dur de ne pas se sentir abattu.e, mais dans les CRA comme en dehors des gens continuent de lutter, dans leur quotidien ou sous des formes plus organisées et collectives !
Rejoignons les dynamiques qui existent, créons-en des nouvelles, rappelons-y partout que la taule n’est jamais une solution et qu’on veut la liberté pour toustes !